La fontaine et le lavoir de la rue de l'Ecole

Ce lavoir très ancien, restauré en 1814, se trouvait sur la place, qui était située au croisement de la rue de la Procession et de la rue de l'Ecole.

Ce quartier a été fortement remodelé en 1869, à l'occasion du raccordement de la rue Parvery et de rue de l'Ecole.

Il a alors été réinstallé, à proximité, dans une nouvelle rue qui est devenue de nos jours, la partie de la rue de l'Ancienne Mairie entre la rue Parvery et la rue des Ecoles.

 

Reconstruction en 1814

En 1814, "la fontaine et le lavoir, situés dans une rue de la terrasse, très utile aux habitants de la commune, est entièrement dégradé et ruiné par les ravines des eaux pluviales qui s'y écoulent venant du Pays et des montagnes qui l'environnent et formant des dégradations considérables à des murs de terrasse au proche de ses eaux".

En décembre, Pierre Auferte, toiseur de bâtiments à Poissy, visite les lieux avec le maire, Monsieur d'Osmond puis rédige un devis, très détaillé, contenant les clauses et conditions d'un contrat.

Après l'exécution des travaux, M. Giraux, adjoint, écrit au sous-préfet en l'absence du maire pour faire accélérer le paiement de l'entrepreneur, peu fortuné, et de l' "architecque". Il est obsédé par les démarches journalières que lui font ces deux hommes. "L'ouvrage, reçue par l'architecque est dans toute la perfection d'une solidité à toute épreuve". En juin 1815, 18 mois après le versement des fonds par la commune, l'entrepreneur n'a toujours pas été payé ; le sous-préfet répond à une nouvelle demande que le certificat de réception des travaux ne lui est pas parvenu, toutes les recherches dans ses bureaux ayant été infructueuses. Enfin, le préfet prend, en septembre, un arrêté pour ordonner le versement de suite par le Receveur général du département dans la caisse du receveur municipal la somme de 502 F, laquelle sera payée au sieur Alouis à titre d'acompte sur le prix de ses travaux pour la construction d'un lavoir.

Réinstallation en 1869

Pour raccorder la rue Parvery et la rue de l'Ecole, la commune cède, en échange du chemin rural qui les remplacera, une partie des rues de la Procession et de la rue du Rû, longeant le château et son parc, à leur propriétaire, M. Paradis. Ce dernier doit alors faire faire à ses frais la réinstallation des lavoirs et des abreuvoirs.


Le nouveau lavoir existe en août 1869 : l'architecte de M. Paradis, A. Lavialle, communique au maire les résulats de ses mesures du débit de l'eau de chaque lavoir : 36,3 litres par minute pour l'ancien et 42,1 l/mn pour le nouveau. Ce débit étant jugé insuffisant, il est demandé à M. Paradis de fournir 70 litres par minute. En novembre 1869, M. Paradis doit élargir la canalisation, qu'il a construite pour l'écoulement des eaux du lavoir et qui est trop étroite, de sorte que des eaux nauséabondes stagnent à son entrée.

Alimentation en eau


Bien qu'un réseau de distribution d'eau soit installé dans le centre de Villennes à partir de 1910, le lavoir restera directement alimenté par le propriétaire du château et du parc, M. Pichard du Page.

Selon la convention du 19 mai 1883 entre la précédente propriétaire, Madame la Comtesse de Labenne, et la commune, il doit continuer à fournir 60 litres par minute au lavoir ainsi que 10 litres par minute à la borne fontaine de la place de l'Eglise.


Evacuation des eaux sales

Fin septembre 1921, la commune prend à sa charge l'entretien de l'égout servant à l'évacuation des eaux sales du lavoir de la rue Parvery ; il répond ainsi à une demande de l'ancien maire, M. Laumonier, propriétaire du terrain attenant à la propriété communale en bordure de l'avenue du Parc, sa servitude étant aggravée par la construction récente de deux bouches d'égout, au coin de la rue de la Mairie et de la rue Parvery pour le déversement des eaux pluviales ("lors des orages, du sable et des cailloux seront fatalement entraînés").

Démolition

En 1973, alors que certains villages restauraient les lavoirs, qui faisaient partie de leur patrimoine, la municipalité de Villennes a décidé de supprimer ce lavoir, devenu inutile.

A son emplacement, a été installé un hangar des services techniques de la commune.

 

Nouvelle reconstruction

A l'initiative de M. François Gourdon, maire jusqu'en mars 2014, le lavoir a été reconstruit et inauguré le 19 septembre 2015. Il rappelle le temps où il était le lieu de rencontre des femmes du quartier mais nous n'y trouverons plus l'ambiance que ces lavandières y créaient.

La fontaine du Regard et le lavoir de la Fontaine

En 1836, les eaux de la fontaine du Coquart et du lavoir se perdent. Un budget de 85 F est affecté à leur recherche ...

L'emplacement de ce lavoir est représenté sur l'extrait, ci-contre, du plan d'alignement de 1862.


 


La place, devenue de nos jours la place de la Fontaine, avait déjà été élargie jusqu'au lavoir, lorsque la photo, ci-dessus, a été prise.

Echange d'eaux

En mai 1880, le maire, Benoît Redaux, demande de pouvoir utiliser le trop-plein de la fontaine du Regard, laquelle eau est perdue pour la commune ; il s'engage "à faire passer cette eau chez lui et à la conduire ensuite, sans la troubler sur son passage, dans un lavoir qui se trouve situé au bas de sa propriété et à y joindre une source qui se trouve chez lui" ; les travaux seront faits à ses frais.

Le conseil municipal accorde l'autorisation demandée. M. Redaux demande, en juin, au préfet de hâter la solution de cette affaire : "actuellement le lavoir manque d'eau ; aussi les laveuses aspirent-elles de le voir alimenté plus abondamment".

En juillet, après publication et affichage des pièces concernant l'échange entre la commune et le maire, M. Gaury, maire de Médan, désigné commissaire-enquêteur, fait une enquête. Il est d'avis que la demande soit acceptée (il y a eu 3 acceptations et une opposition : Louis Duteil craint que l'eau se refroidisse trop l'hiver après son passage dans les bassins du jardin de M. Redaux). Le conseil municipal accepte la proposition de M. Redaux, considérant que la seule opposition n'a aucune valeur et que les objets échangés étant de même valeur, il n'y a lieu à soulte ni retour. Un contrat est signé devant Me Hippolyte Malet, notaire à Poissy, et envoyé par le maire au sous-préfet.

En novembre, M. Daniel, adjoint, qui a refusé de signer l'acte, écrit au préfet :
- le maire ne l'avait pas convié chez le notaire, où il a signé l'acte avec son beau-père,
- il a signé l'extrait de l'arrêté du préfet, qui lui a été présenté quelques temps après,
- il émet des réserves au cas où l'eau serait troublée et sur la possibilité pour la commune de reprendre l'eau sans verser d'indemnité,
- à son avis, la décision du conseil municipal est entachée d'illégalité car M. Redaux le présidait.

M. Redaux répond au préfet sur ces accusations :
- il n'a pas pu prévenir M. Daniel qui "reste" à Breteuil, car le notaire est arrivé à Villennes le dimanche, en même temps que sa lettre qui le prévenait,
- c'est sa femme qui a signé, sous son nom de jeune fille et non son beau-père,
- le notaire a dit qu'il passerait voir M. Daniel après une vente à Médan,
- M. Daniel a présidé la séance sur la première délibération relative à cette affaire mais lui-même a présidé la seconde, sans toutefois voter.

Le conseil municipal délibère à nouveau et confirme sa décision.

En février 1881, Lucien Gaury, en qualité d'adjoint remplissant les fonctions de maire, signe un contrat, devant notaire avec M. Redaux et son épouse : ces derniers appliqueront au service et à l'agrément de leur propriété les eaux du trop plein de la fontaine du Regard, qui ne sont pas utilisées et se perdent dans le sol ; en échange de la concession, ils s'engagent à conduire au lavoir ces eaux, après en avoir usé, en passant à travers leur propriété et après avoir ajouté les eaux provenant d'une source située sur la dite propriété.

Pose d'une pompe à la fontaine et réparations du lavoir

En 1892, le conseil décide de faire faire des études pour l'établissement d'une pompe à la fontaine dite du Regard et à faire procéder aux réparations du lavoir de la Fontaine.

En 1926, cette pompe municipale ne fonctionnera plus. M. Léon Rivierre, qui habite rue du Regard, refuse alors que la pompe soit réparée, car elle est placée sur son terrain et accolée contre son mur ; le balancier gêne l'entrée de l'escalier qui monte à son logement, ce qui l'empêche de le louer. Il avait fait une demande d'alignement pour dévier cette pompe.

Alimentation et évacuation des eaux de la fontaine

En juillet 1903, M. Bardinet qui a acheté la propriété de M. Redaux, décédé, émet une protestation  : la source de la fontaine du Regard est alors trop faible pour alimenter le quartier et il n'y a pas de trop plein pour aller chez lui ; il y a quelques jours, la fontaine était subitement dépourvue d'eau, quelqu'un s'étant introduit clandestinement dans le regard pour en enlever la bonde.

De plus, un propriétaire, ayant vidé une fosse d'aisance, a jeté le contenu dans son jardin et comme le sous-sol est, en grande partie, composé de pierres moellons, il s'est produit des infiltrations mais à la suite de travaux d'assainissement, l'analyse de l'eau a démontré quelle était bonne.

Les héritiers de M. Redaux avaient-ils le droit de vendre la concession qui leur avait été faite, d'autant qu'il ne semble pas que la source indiquée dans l'acte soit conduite de la propriété au lavoir  ? Le préfet répondra qu'à son avis on ne peut pas refuser à M. Bardinet la permission de voirie qu'il sollicite.

Le conseil municipal invite M. Bardinet à faire les travaux nécessaires pour conduire les eaux provenant de sa propriété au lavoir, avant de l'autoriser à effectuer les travaux qu'il réclame.

L'ancien maire, M. Laurent Daniel, est redevenu conseiller municipal ; il reprend la plume pour protester auprès préfet contre cette délibération, "qui ressemble à du favoritisme, ne mentionnant pas la pétition des habitants" :
- la question ne doit pas être limitée à une source mais l'affaire doit être étudiée depuis son début,
- le pouvoir de la commission nommée s'arrête à la porte de M. Bardinet et rien ne l'autorise à pénétrer à l'intérieur,
- de passage au lavoir de la fontaine, les femmes qui s'y trouvaient lui ont fait constater que l'eau qui était jaunâtre et bourbeuse avait été déversée dans leur linge de lessive par le fait de la volonté de M. Bardinet.

Il fait état d'une pétition des habitants, "probablement classée comme sa lettre dans un carton spécial ... A-t-on le droit d'agir envers les habitants du quartier de la fontaine comme les seigneurs de l'ancien régime envers leurs serfs, ainsi que l'a fait M. Bardinet qui est venu un instant au lavoir jouir de son triomphe et est ensuite parti ?"

En octobre, considérant cette pétition, afin de donner satisfaction aux habitants du quartier et pour améliorer l'hygiène publique, le conseil municipal décide la réfection de la conduite, complètement hors d'usage, qui reçoit sur son parcours les eaux d'infiltration.

Vente d'un terrain voisin du lavoir

 

En août 1911, la commune décide de vendre, pour l'assainir, un terrain triangulaire de 140 m2, servant de dépotoir, situé entre l'avenue du Parc et la rue des Ecoles, au bout du lavoir de la Fontaine. Celui-ci vient de lui être cédé par M. Pichard du Page, lors de la vente des terrains destinés à créer une place devant la gare.

L'enquête publique de novembre donne lieu à diverses protestations, puis 92 personnes signent une pétition "pour laisser à la commune la propriété de la source que contient le terrain afin d'améliorer le régime des eaux du lavoir central".

Le conseil municipal y fait faire un sondage, jusqu'à 5 mètres de profondeur, qui ne révèle que des traces d'eau. Il maintient sa décision et vend le terrain, en mai 1912, aux enchères.

Le maire, Henri Cauchoix, le cède, au nom de la commune, à celui qui lui succèdera très bientôt, Alfred Louis Alphonse Laumonier, déjà propriétaire de la villa voisine "Albertina".


Il y fera bâtir une maison, qui sera appelée ultérieurement la villa "Ker Mounack".

Démolition

Le lavoir de la Fontaine sera démoli, comme celui de la rue de l'ancienne mairie, en 1973.

Il sera remplacé par un transformateur d'E.D.F., "habillé" ensuite, destiné à alimenter les machines à laver qui l'ont rendu inutile ...

 

Les fontaines et les lavoirs des hameaux

Construction et réfection de la fontaine et du lavoir de la Clémenterie

En février 1849, le conseil municipal souhaite acquérir un terrain de 2 ou 3 ares au pourtour de la fontaine de la Clémenterie, moyennant 60 F l'are, pour construire une fontaine et un lavoir ; il fait une proposition à son propriétaire, M. Giguer d'Orgeval.

La somme de 996,30 F est inscrite au budget de 1850 pour la construction et une "enquête d'utilité" a lieu : le receveur municipal de la réunion d'Orgeval est nommé enquêteur pour déterminer l'opportunité de la construction du lavoir et de la fontaine de la Clémenterie ; il rédige son procès-verbal, à partir des pièces déposées (plan, délibération du conseil municipal, promesse de vente, délibération pour l'achat du terrain, liste des 30 plus hauts imposés de la commune, certificat du maire constatant la population de la commune, arrêté du préfet). De nombreuses personnes ont signé pour le projet, aucune contre. En conséquence, l'utilité de la fontaine et du lavoir est déclarée.

 

En août 1850, le conseil municipal accepte unanimement une imposition extraordinaire de 160 F, afin d'acheter un terrain de 3 ares et 16 centiares. Il s'agit "d'une portion de terrain ayant la forme d'un trapèze à prendre dans une pièce de terre en paturage sise au terroir de Villennes lieu dit le pré Seigneur".

Ce terrain était la propriété de Dame Marie Louise Geneviève Dagonet, femme de François Julien Giguet, domiciliés ensemble à la Juste Pie, hameau de la commune d'Orgeval ; elle en avait hérité de son père Francois Redaux, propriétaire demeurant à Montamets (Orgeval), qui l'avait acquis, avec son beau-frère, Guillaume Dagonet, de son père, Jean Redaux, cultivateur à Villennes.

Jean Redaux avait succédé, comme fermier le Marolles, à Henry Lalarge dont il avait épousé la fille Félicité. Son petit-fils, Benoît Alexandre, dont la mère était la fille de François Simon, maire de 1831 à 1847, sera lui-même maire de 1880 à 1883 puis de 1892 à 1893 ...

La fontaine et le lavoir de la Clémenterie sont construits à l'emplacement d'une mare ; en mars 1870, des travaux de maçonnerie, charpente et couverture y seront effectués. Le mémoire de M. Ollivon, maître-maçon à Orgeval, s'élève à 856 F.

De nos jours, le lavoir n'est plus utilisé mais il a été conservé, contrairement à ceux du centre du village, et constitue un agréable lieu de repos.

Litige sur la propriété du terrain de la fontaine de Breteuil, donnant accès à une mare

En décembre 1857, un procès-verbal est dressé contre Madame Voyer, veuve Hélène, pour la construction d'un mur de clôture sur un terrain communal, un terrain vague dépendant de la communauté du hameau de la Pinçonnerie de Breteuil, où se trouvent une mare et une fontaine. Elle prétend qu'elle a hérité cette terre des héritiers Ivernel, qui se l'étaient appropriés en 1836 dans l'acte de partage. La commune ayant des droits à prétendre sur cette portion de terrain, le conseil municipal lui demande de présenter ses titres de propriétés.

Un procès est intenté par la commune : en septembre 1859, le conseil municipal vote la somme de 315,82 F, pour les frais et honoraires de MM. Rameau et Laumaillier, avoués de Versailles, et de M. Cide, géomètre, pour la levée et la production du plan du lieu, et pour deux voyages à Versailles pour l'instruction de l'affaire.

Réfection de la fontaine de Breteuil

En novembre 1860, la fontaine de Breteuil, servant d'abreuvoir, est dans un état de dégradation nécessitant des réparations urgentes. Le conseil municipal décide de prélever environ 100 F de la somme prévue au budget pour l'entretien des mares et des fontaines ainsi que d'un excédent sur le produit des permis de chasse.

Litige à propos de l'écoulement de l'eau du lavoir du Haut-Breteuil

En novembre 1882, M. Voyer se plaint de la stagnation des eaux d'écoulement du lavoir public du hameau du Haut-Breteuil sur son terrain, à l'emplacement de l'ancienne briqueterie Voyer. Il demande de rétablir le système de canalisation et de rigoles, qui assurait autrefois l'écoulement.

Suite à un rapport de l'agent voyer du canton de Poissy, le conseil municipal décide de faire exécuter les travaux conseillés. Toutefois les héritiers Voyer refusent, prétendant avoir des droits à refuser l'eau du lavoir. "Les habitants du hameau sont effrayés par les maladies qui ont sévi jusqu'alors et demandent instamment la construction du caniveau en question".

Après approbation d'un devis, le maire demande au préfet, en mars 1883 puis à nouveau en mai, l'autorisation de faire pratiquer, à ciel ouvert, un fossé destiné à faciliter l'écoulement des eaux du lavoir. Il devrait être creusé sur une parcelle de terre large de 50 cm, dont M. Pottier, conseiller municipal, fait l'abandon au profit de la commune. Malgré un arrêté préfectoral, pris fin juillet, l'affaire n'est pas réglée au début de l'année 1889, le notaire n'ayant pas reçu l'acte d'acceptation demandé ...

Le maire, M. Laurent Daniel, rapporte alors au préfet que, suite à une erreur d'interprétation par le cantonnier, au sujet d'un travail qu'il a demandé à ce dernier, M. Pottier est venu lui faire, en termes assez animés, des observations relatives à l'écoulement des eaux  et a été prendre connaissance de l'acte, chez le notaire, accompagné d'un huissier.

En mars, M. Pottier, se plaint au maire qu'une tranchée a été faite par le cantonnier le long de son mur, situé sur le chemin du bois de Médan. Le conseil municipal désigne 4 de ses membres pour étudier l'affaire ...

Construction d'un lavoir à Breteuil

En décembre 1888, le maire, M. Daniel, propose de faire abandon à la commune du terrain nécessaire à la construction d'un lavoir au hameau de Breteuil. Un acte de donation sous seing privé est signé par lui-même et son épouse : il concerne un terrain de 50 m2, situé au lieu dit Le Plant.

Avant d'accepter définitivement, le conseil municipal souhaite savoir comment se fera l'écoulement des eaux du lavoir projeté et désigne, en avril 1889, 4 de ses membres pour s'entendre avec les propriétaires concernés.

Nouvelle polémique à propos de l'écoulement des eaux

M. Henri Pottier est devenu maire en 1893, la fonction ayant été à nouveau assurée pendant quelques mois par M. Benoit Redaux après le départ de M. Laurent Daniel. Pour comprendre l'ambiance de l'époque, nous citons ici les propos de ce dernier dans ses protestations au préfet contre la mise en cause de sa gestion dans plusieurs délibérations du conseil municipal de décembre 1892 à mars 1893 :
- après avoir été maire pendant 8 ans et demi, il a démissionné en octobre 1892 pour avoir la tranquillité à laquelle il a droit,
- il est décidé à ne pas "tollérer de servir de plastron à l'administration municipale ",
- il a fait de nombreux travaux sans contracter d'emprunt, sauf pour les maisons d'école.

Le conseil municipal considérant qu'il y a danger pour la salubrité publique, un devis est établi, en août 1894, par l'agent-voyer cantonal pour la couverture du ru qui fait suite au lavoir de Breteuil, dans la partie traversant la propriété du maire : il prévoit un tuyau de grès vernissé provenant des usines de Pouilly-sur-Saône ou de Breteuil (Eure).

Le mois suivant, le conseil décide la réparation de la fontaine du hameau de Breteuil : l'eau, qui l'alimente, a formé une excavation sous les bâtiments de M. Pottier et il est impossible aux habitants de pouvoir obtenir de l'eau potable.

En août 1895, deux habitants de Breteuil, M. Daniel (l'ancien maire) et V. Petitjacques, adressent une pétition au préfet à propos de la pose d'une canalisation dans le fossé qui traverse le jardin du maire :
- elle sert à l'écoulement de l'eau d'une gouttière lui appartenant, jusqu'à l'endroit où se placent les laveuses,
- au même moment, des travaux ont été exécutés à l'intérieur des bâtiments de M. Pottier,
- ils veulent savoir si les réparations intérieures ont été payées par lui ou par la commune.

Le maire, interrogé par le préfet, répond que les travaux n'ont eu pour but que de réparer les dégâts occasionnés par l'eau alimentant le lavoir et la fontaine.

Début septembre, M. Daniel écrit une nouvelle lettre au préfet, cosignée par 6 personnes. Il rappelle les actes, selon lesquels le fossé devait rester à ciel ouvert.

Fin octobre, l'agent-voyer en chef adresse un rapport sur ce sujet au préfet :
- les travaux ont été exécutés et payés en 1894,
- les comptes administratifs du maire et du receveur municipal ont été approuvés les tuyaux ne reposent pas sur le terrain de M. Pottier mais sur une bande de terre qu'il a abandonnée gratuitement à la commune. La fontaine est placée au pignon de la grange de M. Pottier et l'eau qui l'alimente provient d'une source qui passe sous la grange. Il conclut qu'il n'y a pas lieu de donner suite à la réclamation, les travaux de comblement par des maçonneries des vides sous le bâtiment de M. Pottier ayant eu pour but d'éviter que l'eau charrie du sable, empêchant l'alimentation des habitants dont c'est l'unique fontaine.

Le préfet répond, en novembre, à M. Daniel : le conseil municipal a agi sagement car, les dégâts causés à cet immeuble provenant d'affouillements occasionnés par les eaux alimentant la fontaine et le lavoir, le propriétaire était en droit d'actionner la commune en dommages et intérêts, dans le cas où cette dernière se serait refusée à réparer le dommage causé par les eaux alimentant la mare communale.

En décembre, M. Daniel écrit à nouveau au préfet :
- la construction d'un caniveau de 22 mètres, le long de la propriété de M. Pottier, a été décidée au lieu des 2,5 m prévus dans les actes de donation,
- il réclame un caniveau le long de ses bâtiments pour les préserver contre l'écoulement de l'eau du chemin des Glaises, dont la pente transversale est entièrement de son côté.

Fin octobre 1895, M. Daniel relance le préfet :
- un terrain a été donné à la commune par des actes de 1883 et 1888, pour l'écoulement de l'eau du lavoir de Breteuil ; ces actes stipulaient que le fossé sera couvert et qu'il existera un caniveau pour l'écoulement des eaux le long de la propriété des donateurs (M. Pottier) sur une longueur de 2,5 m, en prenant le fossé sur le terrain des donateurs,
- le fossé a été établi sur le sol du chemin ; il n'est pas couvert et est dépourvu de caniveau,
- le fossé lui est préjudiciable à cause d'un bâtiment qu'il a en face, la largeur du chemin ayant été restreinte,
- il demande que le fossé soit rétabli conformément aux clauses des actes de donation.

Quelques jours plus tard, le conseil municipal décide d'établir un caniveau sur le chemin des Glaises !

M. Daniel a eu satisfaction ; néanmoins il continue à écrire au préfet. Fin janvier 96, avec V. Petitjacques, il demande une réponse à la lettre collective d'août 95. Puis en mai, après que le conseil municipal ait rejeté ses prétentions pour la revendication de la propriété d'une mare sur le chemin vicinal n° 4, M. Daniel continue sa diatribe contre le maire, M. Pottier :

- celui-ci a fait exécuter des travaux dans son jardin aux frais de la commune, contrairement à un acte notarié à ce sujet,
- il a fait construire 20 m de bordure et un caniveau au pied d'un mur lui appartenant le long du chemin rural n°27 dit des Glaises,
- un empierrage a été fait à cet endroit du chemin, avec de véritables pierres à bâtir qu'il aurait, raconte-t-on lui-même fournies,
- il a mis sur le chemin des plâtras et autres immondices qui l'obstruent plutôt que de le rendre viable,
- les pierres ont été disposées sur le chemin de manière à refouler l'eau du côté de ses propres bâtiments,
- il a mis des tuileaux du côté de son mur, de sorte qu'en agissant ainsi, petit à petit, toute la pente transversale assez prononcée du chemin se trouve du côté Daniel.

Il demande que le conseil municipal vérifie ces faits et mette un terme aux agissements dont il est l'objet, en ajoutant les déclarations suivantes :
- lorsqu'il était maire, il n'a jamais fait travailler le cantonnier les jours fériés et maintenant il n'en est plus de même : le maire a fait curer, le jour de l'Ascension, une petite mare située au Bas Breteuil dans un angle d'une pièce de terre lui appartenant,
- la commune a revendiqué la propriété de cette mare, en faisant une modification du plan d'alignement, qui n'a pas été approuvée par la commission départementale,
- le maire, M. Pottier, est coutumier des disputes : il a déjà donné des coups de pieds dans le ventre à M. Lamiraux ; lorsqu'il a été convoqué devant le tribunal de police exceptionnel de Versailles, il a été appréhendé au collet par l'huissier de service et conduit hors de la salle d'audience à cause de son attitude envers la justice,
- il avait offert, lorsqu'il était maire, de donner à la commune le terrain en question ; M. Pottier avait refusé d'accepter la donation,
- la commune ne peut pas présenter d'acte de propriété ; on veut lui prendre son terrain sans bourse délier, après lui avoir fait payer les impositions d'une 3ème maison qu'il n'a jamais possédée,
- il demande que son affaire soit traitée par le conseil municipal, au point de vue du droit.

En juin, le conseil municipal examine la question, mais considérant que ces réclamations ont été tranchées par une récente délibération du conseil de préfecture, il passe à l'ordre du jour. Il rejette à nouveau les prétentions de l'ancien maire, en août, attendu que la commune a la jouissance de la mare depuis plus de 30 ans.

Agrandissement du lavoir de Breteuil

En avril 1925, le conseil municipal décide d'acquérir une bande de terrain destinée à l'agrandissement du lavoir de Breteuil, conformément au plan établi : largeur de 0,16 m à 0,82 m ; longueur de 9,41 m.